Si on peut supposer que l’idée de mettre son sexe dans un orifice autre qu’humain ou animal a certainement traversé l’esprit de l’homme très tôt dans l’histoire de l’humanité, l’apparition de cette pratique connue de nos jours sous le nom de Glory Hole, nous est complètement inconnue.
Trou de la « gloire »
L’origine de la dénomination Glory Hole (dès 1845 selon le Shorter Oxford English Dictionary), que l’on peut traduire littéralement par « trou de la gloire », viendrait de la signification première de l’expression « fourre-tout », et/ou du sens argotique du mot « glory » utilisé pour désigner une érection, un peu comme en français on parlerait d’un sexe masculin dans toute sa splendeur, ce qui donnerait à l’expression le sens de trou à/pour/d’ érection.
L’installation consiste en une ou plusieurs ouvertures, souvent sous forme de trou, dans une cloison, un mur, un paravent, une paroi,… permettant d’avoir accès au corps d’une personne sans que celle-ci puisse voir qui se trouve de l’autre côté de la séparation.
Une espièglerie de 1777 dans un contexte homosexuel
C’est du côté de la littérature, et plus précisément de la poésie, qu’on retrouve une des plus anciennes évocations d’un tel dispositif. Mérard de Saint-Just (1749-1812), publie à Londres en 1777, les trois volumes d’un des ouvrages les plus osés de l’époque : Espiègleries, joyeusetés, bons mots, folie, des vérités, de la jeunesse de Sir S.-Peter Talassa-Aithéi.
Parmi les textes de ce poète libertin qui compose l’ouvrage on trouve celui-ci :
Manière d’aimer qui ne se trouve pas dans l’Arétin
À Dom Jean le bénédictin,
Un jeune élève de Guerchin
Se confessait qu’ayant peint une belle,
Il devint de son œuvre épris, amoureux fou.
— Pour contenter, dit-il, ma passion charnelle.
A l’endroit que savez, je fis un petit trou
Par où
J’introduisais mon allumelle…
Mais, reprit le prêtre, comment ?
Vous trouviez là quelque contentement ?
— Oui, derrière la toile, en commode posture,
Un tendre enfant, d’une aimable figure,
A la peau blanche et douce et longue chevelure,
Me présentait le cul le plus charmant ;
De sorte que, Dom Jean, j’en connais en peinture,
Et j’enculais… réellement.
Mérard de Saint-Just, ayant une solide réputation de plagiaire (1), il semble avoir trouvé l’inspiration pour ce petit conte grivois dans Le Singe de La Fontaine, ou Contes et nouvelles en vers, suivies de quelques poésies publié en 1773 par Marie Alexandre de Théis où l’on retrouve un récit similaire.
Si le poème de Mérard de Saint-Just s’inscrit dans une atmosphère homosexuelle, c’est aussi dans les lieux de drague et boites de nuit gay des années 1970 que le Glory Hole va faire son apparition (ou son retour) en occident, avant d’atteindre l’éroticosphére hétérosexuelle via les sex-shops très en vogue dans les années 1980 et 1990.
Une pratique universelle
Si c’est au japon que ce genre d’installation connait son plus bel essor, dans son ouvrage : Voodoo Eros : Ethnological Studies in the Sex Life of the African Aborigines (1933), Felix Bryk explique avoir rencontrer un principe similaire en Afrique, chez les Swahilis :
« Dans le champs, près de la barrière, se trouve une planche, une porte dans laquelle est pratiqué un trou à environ un yard du sol. Tôt le matin, la femme se tient, adossé à la planche, faisant face à son mari qui, quoique demeurant couché dans la hutte, peut l’observer de son lit. L’amant vient derrière la porte, tandis que la femme se penche en avant, agissant comme si elle lavait la vaisselle, parlant à son mari, qui ne suspecte rien tandis que l’amant la possède à travers le trou de la planche. »
(1) Dans L’Enfer de la Bibliothèque nationale, Apollinaire dira de Mérard de Saint-Just :
« Singulier personnage, digne de tenter un érudit en quête d’un sujet curieux et qui toucherait à un grand nombre de personnalités de son époque. Mérard avait-il du talent ou non ? Il faudrait, avant tout, arriver à faire le départ entre ce qui lui appartient et ce qui n’est pas de lui, dans ses œuvres complètes. »
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