Porte bonheur du passé
C’est en explorant une ancienne carrière de grès exploitée par les romains pour consolider et entretenir le mur d’Hadrien, que des archéologues de l’Université de Newcastle ont mis à jour quatre nouvelles inscriptions et graphes dont un représentant un pénis en érection.
Le mur d’Hadrien fut construit entre 122 et 127 de notre ère, d’une longueur d’environ 120 km, cette fortification souhaitée par l’empereur Graeculus (Petit Grec) devait protéger la frontière nord de la province romaine de Bretagne des attaques des « barbares ». Il inspira à G.R.R. Martin le fameux mur de la série A Song of Ice and Fire qui est la source de la série télévisée Game of Thrones.
C’est un siècle plus tard, vers 207, que des légionnaires en charge des réparations du mur dans la zone de Gelt Woods (comté de Cumbria), ont inscrit dans la pierre ces graffitis qui bien que très fragilisés par l’érosion sont arrivés jusqu’à nous.
Toutefois il ne faut rien voir de sexuel dans ce graffiti, le phallus était un « porte bonheur » fort rependu à l’époque romaine. Ainsi, on en retrouvait dans les maisons sous forme de pendule ou comme amulette qu’on portait autour du cou ou au poignet.
Une autre utilité aux graffitis ou bas-reliefs phalliques était d’indiquer la présence d’un lupanar ou le chemin pour s’y rendre, mais il s’agit là d’une interprétation à prendre avec précaution.
Ce culte du Phallus aurait été introduit chez les Romains par les Corybantes, si on en croit Clément d’Alexandrie :
« Ce furent des Corybantes qui, comme le dit Héraclite, apportèrent le culte du Phallus et de Bacchus en Italie. Ces Corybantes aussi nommés Cabires, annonçaient au peuple la mort des dieux Cabires. Ils s’étaient rendus coupables de deux fratricides, lorsqu’ils enlevèrent la cite (ou corbeille sacrée dans laquelle était placé le Phallus de Bacchus). Ils la transportèrent en Étrurie, où ils firent valoir cette belle marchandise ; et comme ils étaient chassés de leur pays, ils fixèrent leur demeure chez les Étrusques, prêchèrent leur vénérable doctrine, et recommandèrent à ces peuples d’adorer le Phallus et la corbeille sacrée »
Source :
Le Protreptique / Clément d’Alexandrie
Des divinités génératrices, ou, du culte du phallus chez les anciens et les modernes… / Jacques-Antoine Dulaure. Dentu, 1805.
Photo de couverture : © Jon Allison, Newcastle University
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