C’est un immense scandale qui éclate à Londres en 1889 lorsque plusieurs membres de l’aristocratie sont suspectés de fréquenter une maison close où de jeunes employés de poste étaient recrutés pour le plaisir sexuel de ces messieurs.
En novembre 1889, la police découvre une maison close pour homosexuels à Cleveland Street, London. De riches aristocrates s’offraient les prestations sexuelles de jeunes employés de poste. A l’époque, la presse parle d’un scandale homosexuel … Mais aujourd’hui on parlerait probablement de pédophilie, la plupart de ces jeunes prostitués ayant moins de 18 ans. Pour remettre les évènements dans leur contexte, il est utile de préciser qu’à cette époque, au Royaume-Uni, la loi autorise les filles à partir de 12 ans et les garçons à partir de 14 ans à se marier (avec l’accord des parents). La plupart des gens commençaient à travailler dès l’âge de 6 ans (parfois moins) pour aider leur famille, et les hommes avaient une espérance de vie qui ne dépassait pas les 45 ans.
L’homosexualité masculine était illégale et punissable. Un homme reconnu coupable de sodomie pouvait être, en théorie et selon une vieille loi datant du 16è siècle, condamné à la perpétuité, la peine de mort par pendaison pour crime de sodomie ayant été abolie en 1861.
Comme on peut le constater sur cette photo prise vers 1910, les livreurs de télégrammes britanniques étaient parfois très jeunes.
Des adolescents qui se prostituent à des hommes qui « mettent leurs personnes en eux »
Le 4 juillet 1889, Charles Swinscow, un jeune livreur de télégramme de 15 ans, a été perquisitionné dans le cadre d’une enquête en cours sur un vol d’argent chez son employeur, le General Post Office. Il était employé, comme beaucoup d’autres garçons du même âge, pour faire le tour de Londres et livrer des télégrammes et des messages urgents aux foyers et aux entreprises. Son salaire était d’environ onze shillings par semaine, mais lorsqu’il fut perquisitionné, dix-huit shillings furent trouvés dans ses poches, soit plus d’une semaine de salaire. L’adolescent a été arrêté pour être interrogé.
Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il faisait en possession d’une si grosse somme d’argent, Swinscow a paniqué et a avoué qu’il avait été recruté par un certain Charles Hammond pour travailler dans un établissement de Cleveland Street où, pour la somme de quatre shillings par heure, il permettait aux clients du bordel de « passer entre mes jambes » et « mettre leurs personnes en moi ».
Le garçon a ensuite identifié un certain nombre d’autres jeunes employés du télégraphe, âgés de 15 à 19 ans, qui se prostituaient eux aussi dans l’établissement de Cleveland Street, ce qui a entraîné une timide enquête.
Un scandale étouffé au plus haut niveau de l’état
La grande majorité des clients de ce bordel pour homosexuels étaient de riches aristocrates britanniques. L’enquête a trainé, le procès s’est déroulé à huis clos. Quelques noms prestigieux sortent dans la presse, certains doivent s’exiler, mais grâce à leur argent, leurs avocats et leurs relations haut-placées, tous s’en tirèrent à bon compte et sans aucune condamnation … Tous, sauf le journaliste qui donna les noms de certains clients, condamné à un an de travaux forcé pour diffamation … et les jeunes prostitués, condamnés à des peines de 4 à 9 mois de travaux forcés.
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