De tous temps, l’art a permis de déjouer la censure. Les « Nus Artistiques » du début du 20e siècle en sont un exemple. La raison première de ces revues étant de proposer des photos de femmes nues, accompagnées parfois, comme dans le numéro que nous vous présentons, d’un vieil homme moins pour noyer le poisson que pour mettre en évidence leur jeunesse.
Le 29 juillet 1881, la toute jeune IIIe République dote la France d’une loi qui garantit que « l’imprimerie et la librairie sont libres ». Mais, pour réguler la propagation d’ouvrages jugés obscènes, le 2 août 1882, une nouvelle loi visant le délit d’outrage aux bonnes mœurs est promulguée qui précise que :
« Est puni d’un emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 16 francs à 3.000 francs quiconque aura commis le délit d’outrage aux bonnes mœurs, par la vente, l’offre, l’exposition, l’affichage ou la distribution gratuite sur la voie publique et dans les lieux publics, d’écrits, d’imprimés autres que le livre, d’affiches, dessins, gravures, peintures, emblèmes ou images obscènes. »
Il devient donc, presque autant qu’aujourd’hui sur Facebook, difficile de publier un imprimé affichant une paire de fesses ou de seins. Presque, car il y en a toujours pour être plus malins que la loi. Il y a deux domaines où la nudité peut se justifier. D’un côté la médecine, mais les corps morts ou meurtris par la maladie ne sont pas très vendeurs. Et de l’autre côté l’art.
L'art pour déjouer la censure
On va donc voir apparaître des périodiques exposant des clichés de modèles nus dans des poses tantôt académiques, tantôt un rien plus suggestives. Ces « études de Nu photographiées d’après nature » sont justifiées au nom de l’harmonie académique car : « donner en peinture, en sculpture, en gravure, en photographie, l’académie d’un sujet, force l’artiste ou l’amateur, à ne pas se départir des règles du bon goût, pour la mise en relief de toutes les beautés qu’il veut faire ressortir. » (1)
Mais le coup de génie de ces publications est d’avoir détourner la censure en argument de vente. Pour cela trois techniques qui fonctionnent encore très bien aujourd’hui :
- Insister fortement sur le côté prohibé du journal ;
- Utiliser comme illustration une photo incomplète ;
- Vendre la revue fermée.
Cette façon de détourner la loi et la morale, sera reprise bien plus tard avec l’apparition, dans les kiosques à journaux, de revues « naturistes ».
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