Le chevalier Tape-Cul, ce singulier personnage qui tapotait les fesses des Parisiennes à la fin du 18e siècle

Un homme était connu à la fin du XVIIIe siècle pour arpenter du matin au soir les rues de et qui avait le curieux loisir, dès qu'il croisait l'une ou l'autre femme, de leur donner « un léger coup de main sur la croupe« , selon Mercier dans son Tableau de Paris (Vol XI). Comprenez qu'il leur mettait la main aux fesses, ce qui lui a valu le sobriquet de « chevalier Tape-cul ».

Le chevalier Tape-Cul n'était pas difficile et tapotait les fesses de toutes les femmes qui croisaient son chemin, peu importe leur physique ou leur âge. « Le chevalier touche de deux mains, à droite, à gauche, la fille & la mère; car toute chute de reins a pour lui un attrait inestimable » (op. cit.). Il est vieux, les cheveux blancs, habillé d'un vêtements gris sale, une croix de Saint-Louis autour du cou car il était chevalier de Saint-Louis, un ordre honorifique aujourd'hui disparu et qui récompensait les officiers catholiques les plus valeureux. Une décoration prestigieuse en son temps qui explique peut-être, avec son grand-âge,  la clémence dont bénéficiait Tape-Cul de la part de ses contemporains, plus amusés que vraiment choqués.

D'une de ses mains, il agitait sa canne, probablement pour faire diversion. Et de l'autre il commettait son méfait, avec l'habileté et la souplesse d'un jeune homme. Il arrivait souvent que les femmes victimes du chevalier se retournent et insultent leur agresseur, parfois aussi l'homme qui les accompagnait donnait quelques coups de canne au chevalier, qui subissait sans réagir et s'en allait sans détourner la tête continuer sa promenade à la recherche de nouveaux postérieurs à tâter.

[aux_quote type= »intro-splitter » text_align= »left » quote_symbol= »0″ title= »title » extra_classes= » »]Au milieu de la grande allée des marronniers du jardin du Palais-Royal, vous eussiez-vu toutes les femmes, dont il était fort connu, se ranger, s'éloigner, au devant du chevalier Tape-Cul, et laisser un espace de plusieurs toises entre elle et lui. C'est ainsi que fuit la timide volatile à l'approche de l'oiseau de proie.[/aux_quote]

Histoire physique civile et morale de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours, Volume 8, par Jacques Antoine Dulaure, 1829

Vraiment très vieux …

Selon Lejoncourt dans sa Galerie des centenaires anciens et modernes, le chevalier Tape-Cul serait mort en 1802 ou 1803 à l'âge de 117 ou 118 ans, âge auquel il sévissait encore …

[aux_quote type= »intro-splitter » text_align= »left » quote_symbol= »0″ title= »title » extra_classes= » »]Lorsqu' une personne du sexe passait près de lui, elle recevait ordinairement, du plat de la main, deux ou trois légers coups sur la partie opposée à l' abdomen et que les dames cherchent à faire paraître encore plus rebondie que la nature ne l' a voulu. Les femmes qui ne connaissaient pas le chevalier, révoltées à juste titre, de cette indécente familiarité, l' apostrophaient plus ou moins vivement, malgré son grand âge; mais à toutes il répondait imperturbablement : « Allez , allez ,… vous direz que c' est un homme de 117 ans qui s' est permis cela , et on le lui pardonnera .» ( Témoins oculaires)[/aux_quote]

Galerie des centenaires anciens et modernes, par Charles Lejoncourt , 1842.
Un jeu dit « le Tape-cul » – Fait partie d'une série de quatre miniatures représentant des scènes pastorales de la fin du XVe siècle, tirées d'un manuscrit des « Plaisirs de la vie rustique ».
 
« Ah ! s'il y voyoit !… » Gravure satirique anonyme de 1797 montrant un aveugle déchirant par mégarde la robe transparente d'une Merveilleuse qui expose ainsi ses fesses au public. Wikimedia Commons

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