A quoi servaient les spintriae (ou spintriennes), ces petites pièces en orichalque, matière utilisée également pour quelques monnaies officielles d’Auguste à Néron, datant de l’antiquité romaine et représentant des positions sexuelles sur une face, et un numéro de I à XVI , ou la légende AVG(ustus) sur le revers ? Mystère …
La réponse, c’est qu’on n’en sait rien du tout. On ne peut que deviner et faire des suppositions. La plus répandue étant que ces piécettes étaient des jetons de bordels, de maisons closes ou de lupanars romains. Ce sont évidemment les scènes sexuelles gravées sur ces pièces qui incitent l’esprit moderne à leur imaginer un usage lié à la débauche et aux plaisirs … Mais qu’en est-il vraiment ?
Jetons de bordels
Des experts ont longtemps prétendus que ces tessères (en latin tessera, sorte de jeton servant entre autres de billet d’entrée pour les spectacles ou comme sauf-conduit militaire) d’un genre particulier étaient achetés à l’entrée des maisons closes. Les positions sexuelles devant être considérées comme une sorte de catalogue des plaisirs proposés dans ces lupanars, les prostituées – qui provenaient pour la plupart de pays exotiques – étaient immédiatement informées du désir de leur client qui se rendait dans la chambre dont le numéro était indiqué au revers du jeton.
Au 19e siècle – Si on est certain de rien pour la Rome antique, on sait en revanche que pareils jetons étaient utilisés dans les maisons closes et les maisons de tolérance en France au 19e siècle. L’objectif étant de limiter les échanges de monnaie entre les client et les prostituées. Le visiteur pouvait acheter un jeton, qu’il remettait ensuite à la professionnelle, qui rendait finalement le jeton à la gérante ou à la tenancière.
Des pions d’un jeu inconnu
Toutes ces tessères ne possèdent pas un caractère érotique, des experts leur supposent donc un autre usage. La fréquence d’une couronne de laurier – la « corona triumphalis » – incite à les imaginer dans un contexte militaire.
Sachant que les soldats romains aimaient les jeux de table, très répandus chez les hauts gradés, certains supposent que les spintriae étaient les pions d’un jeu qui nous est inconnu, peut-être le duodecim scripta, dont les règles s’apparentent à celles du backgamon. Les scènes érotiques et non-érotiques servaient peut-être à différencier les joueurs en l’absence de jetons de couleurs.
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